3.3 L’IDH, application et calcul concret
L’IDH ou Indice de Développement Humain est un indicateur statistique créé par le PNUD en 1990.Cet indicateur a été développé par deux économistes : Amartya Sen et Mahbub ul Haq. Il permet de calculer un concept très large qui est le développement humain. Comme beaucoup d’indicateurs de cette période, il reflète la notion de bien-être social qui n’était pas relevé par les indicateurs traditionnels qui sont principalement économiques comme le PIB. Cette valeur est calculée par l’ONU tous les deux ans sur 177 pays. Les pays ayant l’IDH le plus élevé sont souvent la Norvège, l’Islande et l’Australie. Ceux ayant l’IDH le plus bas sont majoritairement les pays d’Afrique Noire (Tchad, Mali, Burkina-Faso ...)
Cet indicateur se calcule selon trois indices prenant en compte trois dimensions différentes. La première est la longévité de vie qui reflète la santé et la satisfaction des besoins primaires tel que l’accès à l’eau potable ou encore l’accès aux soins ... Voici comment calculer cette valeur :
La deuxième dimension prise en compte par l’IDH est le niveau d’éducation d’un pays. Il prend en compte le taux d’éducation des enfants et le taux d’alphabétisation des adultes. C’est un bien immatériel que cet indicateur calcule ici, telle que l’éducation pour les plus jeunes, et la participation aux décisions dans une société en fonction de l’éducation reçue. Cette valeur ce calcule comme ceci :
Enfin la dernière valeur prise en compte est le niveau de vie des populations du pays. Elle est calculée en fonction du PIB en PPA (Parité de Pouvoir d’Achat*). Il permet de montrer la qualité de vie des populations, une dimension qui n’était pas prise en compte par les deux dernières valeurs. Son calcule se présente comme ceci :
Les différents tableaux ci-dessus révèlent une limite à cet indicateur puisqu’il est plafonné. On remarque que pour le niveau de vie, les valeurs sont comprises entre 100$ au minimum et 40 000$ au maximum. Egalement pour l’espérance de vie la valeur minimale est de 25 ans et la valeur maximale est de 85ans. Ceci entraine un plafonnement de cet indicateur à 0 (exécrable) ou 1 (excellent) qui ne révèle pas le réel développement humain du pays qui est bien au-dessus de la valeur annoncée ou bien en-dessous.
L’IDH est par conséquent composé de plusieurs paramètres. Les pays visent à avoir un IDH le plus haut possible. Il est donc envisageable de développer une valeur au détriment d’une autre, tout en ayant un IDH inchangé. Par exemple un pays peut décider de développer le volet économique en ayant un PIB élevé en surexploitant sa population, mais délaisser sa santé et donc son espérance de vie. Cela est d’autant plus difficile à repérer que les pays ne communiquent pas ces valeurs individuellement.
L’IDH ne révèle pas non plus les disparités entre les sexes au sein d’un même pays. C’est pour cela que le PNUD à créé un second indicateur qui prend en compte ces disparités, l’ISDH (Indice Sexospécifique de Développement Humain). Il calcule les mêmes valeursque l’IDH, mais en les spécifiant pour les femmes et les hommes, ce qui permet de mettre en évidence les disparités entre les deux sexes.
La méthode de calcul de l’IDH est la suivante :
Exemple de calcul de l’IDH des Etas Unis en 2011 (il nous a été difficile de trouver des valeurs plus anciennes. Egalement le calcul risque d’être faussé car les valeurs trouvées ne sont pas totalement représentatives. Par exemple la valeur du taux de scolarisation est celle des enfants scolarisés en primaire ...)
PIB par habitant en PPA : 49.781 $. Nous allons donc sélectionner la valeur maximale qui est de 40.000 $.
Taux d’alphabétisation : 99,04 %. Nous allons donc calculer (99,04÷100)=0.9904 .
Taux brute de scolarisation : 92%. Nous allons donc calculer (92÷100)=0.92.
L’espérance de vie à la naissance : 78,64 ans (.
Calcul de l’indice de longévité :
Calcul de l’indice d’éducation :
Calcul de l’indice de niveau de vie :
Calcul de l’IDH :
L’IDH des Etats-Unis d’Amérique en 2011 est de 0,95, ce qui est très élevé puisque cet indicateur est compris entre en 0 et 1. (Nous pouvons remarquer la marge d’erreur car en réalité l’IDH des EUA en 2011 est de 0,910).
Les créateurs de l’IDH et son contexte de création
Mahbub ul Haq est un économiste, homme politique et banquier pakistanais né le 22 février 1934 à Jammu au Pakistan. Il fait ses études à l’université prestigieuse de Cambridge puis reçoit son doctorat de sciences économiques à l’université d’Harvard. Il doit sa renommée pour avoir développé avec Amartya Sen l’Indicateur du Développement Humain (IDH) en 1990.
Il a d’ailleurs aussi été ministre des finances du Pakistan en 1985 et 1986, puis par intérim en 1988. Il décède le 19 juillet 1998. Son travail a entraîné un changement majeur dans la compréhension de la comptabilité statistique du processus de développement. La série de rapports sur le développement humain produit par le Programme de Développement des Nations Unies qui a été initiée par Haq en 1990, a eu un effet profond sur la façon dont les décideurs politiques fonctionnaient. Les fonctionnaires et les médias considérèrent l’effet de l’IDH comme largement bénéfique pour le progrès social et économique. De 1970 à 1982, Haq a travaillé dans des organismes internationaux, principalement la Banque mondiale où il était non seulement le directeur du Département de la planification des politiques mais aussi le principal conseiller économique de Robert McNamara, alors président de la banque, avec lequel il établit une alliance remarquable dans l'élaboration de stratégies d'élimination de la pauvreté.
Il a contribué à la mesure du développement mondial et aux questions politiques.
Amartya Kumar Sen est né le 3 novembre 1933 à Santini Ketan, en Inde. Economiste, il a reçu le prix Nobel d'économie en 1998, pour ses travaux sur la famine, la théorie du développement humain, l'économie du bien-être, les mécanismes fondamentaux de la pauvreté et sur le libéralisme politique. Sen a contribué à la création du Rapport sur le développement humain. En 1998, Armatya reçoit le Prix de la Banque de Suède en sciences économiques. En mémoire il est fait commandeur de la Légion d'honneur. Armatya est un grand économiste ayant développé l’IDH, un atout dans l’analyse de l’économie du monde
L’IDH a été créé lors d’une période de récession économique appelée les « Trente piteuses ». Pour expliquer cette notion nous devons d’abord expliquer la période qui la précède ; les « Trente glorieuses ».
Le terme 30 glorieuses est employé pour la première fois par Jean Fourastier dans son livre ; Les Trente Glorieuses ou la Révolution invisible de 1946 à 1975, publié en 1979. Dans ce livre il décrit le développement de la société française d’après-guerre. Lors de cette période on assiste à une croissance de 5% dans le monde. Par exemple aux Etats-Unis la croissance est de 3.9% entre 1950 et 1970. Même pour les vaincus de la seconde guerre mondiale la croissance est exceptionnelle (Japon, Allemagne, Italie). Le chiffre y est moins frappant mais les pays du bloc communiste affichent de bons chiffres (URSS et Europe de l’est). Cette croissance a permis aussi à de nouveaux pays du tiers monde d’émerger tel que ; la Corée du Sud, Taiwan et les pays producteurs de pétrole qui entrent dans une phase de « décollage industrielle ». Les sociétés se modernisent et offrent aux populations plus de travail (le chômage est inférieur à 5%), plus de services et de nouvelles richesses. Des innovations technologiques apparaissent (aéronautique, informatique...), les matières premières sont abondantes comme le pétrole. Au niveau mondial, la communauté internationale créé de nombreux accords favorisant les échanges commerciaux tels que : les accords de Bretton Woods* en 1944, les accords du GATT* en 1947. Il y a aussi eu des accords pour mettre en place une communauté économique avec par exemple le COMECON* en 1949 et la CEE* en 1957.La plupart des pays en développement adoptent une économie Keynésienne, avec la mise en place d’un état providence*, aidés par le plan Marshall* mis en place en 1947 qui donne une impulsion aux pays occidentaux pour initier leur activité.
Seulement à partir de 1975 la croissance ralentit, elle passe de 5% en 1970 à 1% en 1990. Cette période de récession économique s’appelle les « 30 piteuses ». Elle est caractérisée par une forte dépression économique et une hausse du chômage. Les pays européens rattrapent les Etats-Unis, les croissances européennes s'établissant en moyenne annuelle autour de 5 à 6 % contre seulement 3 à 4 % aux Etats-Unis. Tiré par le rattrapage industriel, le niveau de vie européen se rapproche continuellement de celui des Etats-Unis, jusqu'à se situer à environ 80 %. La décennie du choc pétrolier voit naturellement les croissances décliner mais ce ralentissement s'aggrave pour la France de la décennie 1980 alors qu'il est stoppé pour les Etats-Unis ; ces derniers connaissent même un cycle long (cycle de Kondratiev) de croissance forte de 1983 à 1989.
Malgré l’éclatement d’une bulle boursière sans équivalent depuis celle de 1929, malgré les attentats du 11 septembre 2001 et les scandales financiers, l’économie américaine est repartie dès 2002, tandis que la croissance européenne n’en finit pas de ralentir et que la reprise est reportée depuis maintenant deux ans. La croissance aux Etats-Unis s’emballe en 2003 et dépasse les 4 % en 2004 tandis qu’une timide reprise est envisagée pour l’Europe.